Un mariage compliqué
Elisabeth Vigée se marie au marchand d’art
Jean-Baptiste Le Brun en 1776.
Réputé libertin, on lui déconseille ce mariage. Mais pour échapper aux relations difficiles avec son
beau-père, elle accepte.
« Il était assez aimable ; mais sa passion effrénée pour les femmes de mauvaises mœurs, jointe à
la passion du jeu, ont causé la ruine de sa fortune et la mienne. »
E. Vigée Le Brun, Souvenirs, 1835-37
Une allégorie
La Paix ramenant l’Abondance est une toile allégorique d’E. Vigée Le Brun.
Il s’agit d’un morceau de réception présenté à l’Académie royale de
peinture et de sculpture en vue de devenir académicienne.
Son héritage familial
Louis Vigée, père d’Elisabeth, pastelliste reconnu de son temps lui
transmet son goût pour la technique du pastel.
Elle permet un travail par estompage, idéal pour les portraits. Le XVIIIe siècle est d’ailleurs
l’âge d’or du pastel.
Ses techniques
Vigée Le Brun utilisa deux techniques principales : la
peinture à l’huile et le pastel. Concernant
les sujets de ses oeuvres, elle privilégiera les portraits (environ 600
sur une oeuvre totale d’environ 900 œuvres).
Ses influences
Vigée Le Brun s’inspire de peintres comme
Rubens, Rembrandt, Greuze ou encore
Van Dyck.
Elle se rendait au Musée du Luxembourg pour copier principalement des portraits et en retirer les
enseignements des peintres qu’elle admire.
« On pouvait exactement me comparer à l’abeille, tant j’y récoltais de connaissances… »
E. Vigée Le Brun, Souvenirs, 1835-37
Une toile néoclassique
En réaction au rocaille, les années 1780 sont marquées par le
néo-classicisme. Il prône un retour à l’antique avec notamment
l’utilisation d’allégories comme sur La Paix ramenant l’Abondance.
La hiérarchie des genres
Pour son morceau de réception, E. Vigée Le Brun a choisi la catégorie la plus haute de l’Académie :
la peinture d’histoire, fait rare pour une femme à cette époque.
L’Abondance
L’Abondance est représentée par différents éléments. Le sein nu est
symbole de maternité, la corne d’abondance d’une source inépuisable de
bienfaits et la gerbe de céréales de la fécondité.
La Paix
La Paix est représentée par différents éléments. La
couronne de lauriers est symbole d’immortalité et le
rameau d’olivier de paix.
Le statut des femmes
Jean-Baptiste Pierre, premier peintre du roi, souhaitait refuser E.
Vigée le Brun à l’Académie en raison de la profession commerçante de son mari. En effet, les femmes
n’avaient à cette époque pas d’autre statut social que celui de leur époux.
Le morceau de réception
Pour entrer à l’Académie royale de peinture et de sculpture, les
participants devaient envoyer un morceau de réception. Les femmes de
l’Académie étaient principalement en lice pour la catégorie “natures mortes”, la plus basse dans la
hiérarchie.
Les femmes à l’Académie
La présence des femmes est très réduite à l’Académie, 3 seulement pour l’exposition de 1783.
Vigée Le Brun est rapidement mise en concurrence par le public et les
critiques avec Adélaïde Labille-Guyard, également pastelliste et admise
à l’Académie la même année.
Aujourd’hui, La Paix ramenant l’Abondance d’Elisabeth Vigée Le Brun est exposée à la Petite Galerie
du Louvre.
Rendez-vous à l’exposition “Figure d’artiste” jusqu’au 29 juin 2020. Toutes les infos pratiques sont
disponibles sur
le site
Un lieu de critiques
Malgré la volonté de Jean-Baptiste Pierre, premier peintre du roi, de
refuser Vigée le Brun à l’Académie ; elle reçut de bonnes critiques.
« J’ignore dans quelle classe l’académie a placé Mme Le Brun, ou de l’histoire ou du genre ;
mais elle n’est point indigne d’aucune, même de la première. »
Barthélémy Mouffle D’Angerville, Lettre I sur le Salon de 1783
Un lieu de critiques
Vigée Le Brun a suscité de nombreuses critiques à l’Académie, bonnes comme mauvaises.
« Du reste le personnage qui représente l’Abondance est une femme superbe, à la Rubens, dans ses
fortes proportions, indices de la santé, de la vigueur et de la joie. »
Barthélémy Mouffle D’Angerville, Lettre I sur le Salon de 1783
Un lieu de critiques
Vigée Le Brun a suscité de nombreuses critiques à l’Académie, bonnes comme mauvaises.
« La censure voudrait en vain y relever quelques imperfections (...) ces deux figures de la Paix
& de l’Abondance n’ont pas toute la correction, toute la finesse du dessin, qu’on pourrait y
souhaiter (...) Mais quel coloris ! (...) Quelle vivacité, quelle fraîcheur de carnations ! »
Loterie pittoresque pour le Salon de 1783.
